lundi 23 février 2015

"Dernier jour sur Terre" de David Vann, Gallmeister, 2014 (EU)

Le 14 février 2008, Steve Kazmierczak, 27 ans, tue froidement 5 personnes et en blesse 18 autres sur le campus de son université, la Northern Illinois University. Il se suicide juste après avoir commis son acte, sans laisser la possibilité d'un jugement pour les victimes et leur famille.

"Après le suicide de mon père, j'ai hérité de toutes ses armes. J'avais 13 ans".

C'est pas cette phrase que David Vann commence. Il met en parallèle dans "Dernier jour sur terre", sa propre histoire avec celle de Kazmierczak. Un parcours proche, des idées noires partagées, des possibilités de passer à l'acte. Mais l'un des deux ne franchit pas la ligne. On découvre alors les multiples facettes de l'être humain, les chances qui ont été offertes mais pas saisies, les actes manqués qui rapprochent chaque fois un peu plus de la tuerie. De multiples questions sur le suivi psychologique d'un individu déséquilibré, sur les conséquences du harcèlement subi, sur la libre circulation des armes, ...

Sans apporter de réponses qui auraient pu atténuer l'acte ou offrir des excuses, David Vann semble surtout chercher à comprendre comment lui même est parvenu à rester sur le (presque) droit chemin. Un véritable travail d'enquête s'appuyant sur les témoignages des acteurs du drame, pour dessiner le portrait psychologique du tueur. Des passages terrifiants évidemment sur la froideur d'un geste commis en toute conscience mais surtout sur cette montée progressive vers l'acte final, malgré les mains tendues. Un livre fort et dérangeant comme sait les écrire David Vann (Sukkwan Island) remarquablement écrit, sur l'Amérique bien sûr, mais également sur la complexité de l'âme humaine loin, très loin de tout manichéisme.

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